Covid19 - Confinement à Belleville, la survie.

Le Bas-Belleville est l'un des derniers quartiers populaires de Paris. C'est aussi l'un des quartiers de Paris aux communautés les plus mélangées. Depuis toujours, Belleville a en effet été un lieu d’arrivée privilégié pour différentes couches d’immigration: les juifs russes et polonais fuyant les pogromes au début du 20e siècle, les Arméniens fuyant le génocide, les Espagnols arrivés pendant le régime de Franco, puis les pieds noirs tunisiens après l’indépendance, les travailleurs algériens et maghrébins quittant les bidonvilles, les Africains souvent logés dans des foyers et pour finir, est arrivée une forte vague d’immigration Chinoise et asiatique.
A l’heure du confinement, les souvenirs remontent. Pendant mon adolescence, j’ai passé beaucoup de temps à Belleville ; ma grand-mère habitait rue Rébeval. Elle était très chic ma grand-mère, elle s’inspirait des belles vitrines des grands magasins et reproduisait les vêtements Chanel chez son tailleur à Belleville. Elle était très belle.
Alors souvent quand la tristesse me submerge, je prends mon Leica et je vais me balader dans le Belleville d’aujourd’hui où rien n’a vraiment changé. A Belleville, tout le monde se parle ; c’est le quartier de la solidarité et de la débrouille, on y trouve de tout : une boulangerie qui fait crédit, un pharmacien qui donne les médicaments aux plus pauvres quand ils ne peuvent pas se soigner, un restaurant tunisien chez qui on vient manger une bonne daurade grillée comme là-bas avec des prix qui varient selon l’humeur du serveur. A la sortie du métro, on trouve les vendeurs de maïs et toute une foule de gens qui attend on ne sait trop quoi. Il y a même une librairie et un magasin bio, où viennent les « bobos » du haut Belleville. Je croise souvent des gamins, les Gavroche d’aujourd’hui, qui dévalent les escaliers ou les rambardes servant de tobogans, qui comme avant y usent leurs fonds de culotte.
Pendant le confinement , je me suis promené dans Paris pour montrer cette pandémie et je revenu inexorablement à Belleville. Belleville désertifiée par le coronavirus, Belleville, le parfum de Paris, avec ces ruelles dont je connais le moindre recoin, Belleville, la belle inconnue.
Grimonet Diane